Cumuler chômage et création d'entreprise : Guide complet des aides 2025 (ARE, ARCE, ACRE)
Vous désirez créer une entreprise pendant que vous êtes au chômage ? C’est tout à fait possible. En 2025, France Travail (ex-Pôle Emploi) propose un arsenal d'aides financières : entre maintien des allocations, versement en capital et exonérations de charges sociales, les dispositifs actuels permettent de concilier protection sociale et création d'entreprise.
- Pourquoi créer son entreprise en étant au chômage est une opportunité
- ARE, l’ARCE, ACRE : quelles différences ente ces aides ?
- Quelle forme juridique choisir pour créer son entreprise au chômage ?
- Combien ça coûte de créer une entreprise ?
Pourquoi créer son entreprise en étant au chômage est une opportunité
Créer son entreprise quand on est inscrit au chômage représente la meilleure solution pour se lancer en toute sécurité : vous pouvez conserver vos revenus pendant presque 2 ans tout en démarrant votre activité.
Il faut simplement bien comprendre les différentes aides qui s’offrent à vous et comment bien les choisir selon votre situation, votre activité et vos objectifs.
Comment toucher le chômage en étant auto-entrepreneur ?
Puis-je cumuler Pôle emploi et micro-entreprise ?
Puis-je toucher le chômage si je crée mon entreprise ?
Nous allons répondre à toutes ces questions et bien plus encore.
ARE, l’ARCE, ACRE : quelles différences ente ces aides ?
Il est parfaitement normal d’être perdu entre tous ces sigles qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
L’ARE, l’ARCE et l’ACRE sont toutes des aides pour les créateurs d’entreprise qui sont inscrits à France Travail (ex-Pôle Emploi).
Pour cumuler chômage et création d’entreprise efficacement, vous devez comprendre leur spécificité :
- L’ARE (Aide au Retour à l’Emploi) : est une aide mensuelle qui permet au créateur d’une entreprise de continuer à percevoir ses allocations chômage tous les mois.
- L’ARCE (Aide à la Reprise et Création d’Entreprise) : est une aide versée sous forme de capital par Pôle emploi, pour aider à démarrer et créer une entreprise.
- L’ACRE (Aide à la Création et Reprise d’Entreprise) : C’est une exonération de cotisations sociales pendant 12 mois sur la rémunération que va vous verser votre nouvelle société.
Vous devez savoir qu’il n’est pas possible de cumuler ces trois aides en même temps.
Certaines peuvent se cumuler. D’autre pas.
Vous allez devoir donc faire des choix pour optimiser vos droits.
L’ARE : un maintien partiel des allocations chômage
Un créateur d’entreprise inscrit au chômage en tant que demandeur d’emploi peut continuer de percevoir ses droits au chômage.
L’allocation est versée mensuellement après chaque actualisation sur le site de France Travail (ex-Pôle emploi) en fonction des droits acquis précédemment en tant que salarié. Il faut donc bien déclarer chaque mois être en « recherche d’un travail » pour continuer à toucher l’ARE, et ce même si votre entreprise est créée et en activité.
Le montant de l’aide ARE est recalculé chaque mois en fonction du montant de la rémunération que votre nouvelle société vous a versée. A la baisse bien sûr si vous vous êtes versé une rémunération.
Mécanisme de calcul du cumul 2025
Formule de calcul : ARE mensuelle = (ARE initiale) - (70% des revenus d’activité déclarés)
Cette formule garantit que l’entrepreneur conserve toujours un avantage financier à développer son activité. Les 30% de revenus non décomptés constituent une prime à l’activité entrepreneuriale.
Exemple pratique :
• ARE initiale : 1 200€/mois
• Revenus d’activité : 800€/mois
• Décompte : 800€ × 70% = 560€
• ARE versée : 1 200€ - 560€ = 640€
• Revenu total : 800€ + 640€ = 1 440€
Durée et conditions du maintien
Le maintien de l’ARE est accordé pour la durée résiduelle des droits à indemnisation. Un entrepreneur disposant de 18 mois de droits au moment de la création pourra potentiellement cumuler allocations et revenus d’activité pendant cette période complète.
Conditions de maintien :
• Déclaration mensuelle des revenus d’activité
• Respect des obligations de recherche d’emploi (adaptées au projet entrepreneurial)
• Activité réelle et non fictive
• Revenus d’activité inférieurs à l’ancien salaire de référence
L’ARCE : aide en capital pour démarrer
Pôle emploi vous donne la possibilité de transformer vos allocations chômage en capital. C’est ce qu’on appelle l’ARCE.
Le montant de l’ARCE s’élève à 60 % de vos droits ARE.
Cumuler chômage et création d’entreprise avec l’ARCE de Pôle emploi signifie donc que vous perdez 40 % de vos droits restants, même s’il est possible de les retoucher ensuite sous certaines conditions.
L’ARCE s’adresse donc aux chômeurs qui ont besoin d’argent pour investir dans leur projet de création d’entreprise et/ou aux créateurs qui ont confiance en la réussite de leur activité professionnelle : c’est un coup de pouce financier non négligeable pour la première année, en sachant que le cumul ARCE et salaire est tout à fait possible.
Pour bénéficier de cette aide, il faut faire une demande auprès du service dédié à la création d’entreprise de Pôle emploi dont vous dépendez et leur remettre un justificatif attestant de la création ou de la reprise d’une entreprise (extrait K-bis, attestation INSEE, etc.).
Une fois que le premier versement de l’ARCE est effectué, vous n’êtes plus en recherche d’emploi et vous n’avez plus de statut de demandeur d’emploi. L’actualisation n’est plus à faire, mais vous perdez aussi la portabilité de la mutuelle de votre ancien statut de salarié.
Modalités de versement 2025
Le versement de l’ARCE s’effectue en deux tranches distinctes :
• Premier versement : 50% du montant total lors de la création effective de l’entreprise
• Second versement : 50% restant après six mois d’activité, sous condition de maintien de l’activité
Calcul pratique de l’ARCE
Exemple concret : Un demandeur d’emploi dispose de droits ARE de 1 500€ mensuels pendant 24 mois, soit 36 000€ de droits totaux. Au moment de créer son entreprise après 6 mois de chômage, il lui reste 18 mois de droits, soit 27 000€.
Le montant de l’ARCE sera de : 27 000€ × 60% = 16 200€
• Premier versement : 8 100€
• Second versement : 8 100€ (après 6 mois d’activité)
Les 40% restants (10 800€) correspondent aux droits ARE conservés en cas d’échec de l’entreprise.
Avantages et inconvénients de l’ARCE
Avantages :
• Apport en trésorerie immédiat pour financer les investissements initiaux
• Sécurisation du projet par un capital disponible
• Simplification administrative avec un versement unique
• Maintien de droits résiduels en cas d’échec
Inconvénients :
• Réduction des droits ARE futurs
• Risque de dilapidation du capital si mal géré
• Impossibilité de retour en arrière une fois l’option choisie
• Fiscalisation du capital comme revenu exceptionnel
L’ACRE : exonération partielle des charges sociales
L’aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise (ACRE) est une exonération partielle ou totale des charges sociales pendant 12 mois. Cette mesure allège significativement les coûts de lancement de l’activité entrepreneuriale.
Son montant dépend de votre statut juridique. Par exemple, les micro-entreprises peuvent être exonérées de 50 % de cotisations sociales.
Les dirigeants de SAS/SASU ou EURL/SARL bénéficient d’une exonération dégressive en fonction du montant de leur rémunération.
Cette aide est automatique pour les créateurs d’entreprises, sauf pour les micro-entrepreneurs qui doivent en faire la demande auprès de l’URSSAF.
Pour cumuler chômage et création d’entreprise avec l’ACRE, il faut être demandeur d’emploi indemnisé (ou autres profils éligibles) et ne pas avoir bénéficié d’une exonération dans les 3 ans qui ont précédé votre demande.
Comment choisir entre ARE et ARCE en fonction de votre situation ?
Voici un tableau récapitulatif des avantages et inconvénients de chaque aide :
ARCE | ARE | |
---|---|---|
Avantages | Idéal pour un besoin de capital lors du démarrage de l’entreprise | Idéal pour bénéficier de revenus réguliers lorsque l’on n’a pas besoin d’argent pour démarrer son activité |
Inconvénients | Perte de 40 % de ses droits ARE et de la portabilité de sa mutuelle | Aide recalculée à la baisse en cas de versement d’un salaire ou de revenus de micro-entrepreneur |
Le choix va donc finalement dépendre de votre activité. Concrètement, vous opterez pour l’ARCE si vous avez besoin de trésorerie pour débuter et/ou que vous avez une pleine confiance en votre projet. Vous choisirez l’ARE pour des activités à faible demande d’investissement, ou si vous souhaitez avant tout tester ce projet et vous lancer progressivement.
Profils d’entrepreneurs et stratégies optimales
L’ARCE (aide en capital) est recommandée pour :
• Projets nécessitant un investissement initial important
• Entrepreneurs expérimentés avec vision claire
• Activités à potentiel de rentabilité rapide
• Secteurs nécessitant constitution de stocks
Le maintien ARE (aide mensuelle) est recommandé pour :
• Primo-entrepreneurs en phase d’apprentissage
• Activités de services à montée en charge progressive
• Projets innovants avec période de développement longue
• Entrepreneurs privilégiant la sécurité
Simulation sur cas concrets
Cas n°1 : Création d’un commerce de proximité
• Investissement initial : 25 000€
• Montée en charge : 6 mois
• Recommandation : ARCE pour financer le stock initial
Cas n°2 : Activité de conseil en freelance
• Investissement initial : 3 000€
• Montée en charge : 12 mois
• Recommandation : Maintien ARE pour sécuriser la transition
Quelle forme juridique choisir pour créer son entreprise au chômage ?
Cumuler chômage et création d’entreprise demande également de choisir une forme juridique pour sa société.
Voici quelques conseils pour faire le bon choix.
Micro-entreprise : simplicité mais limites
L’avantage de la micro-entreprise est triple :
- Elle est simple à créer (en quelques minutes)
- Elle est simple à gérer (pas de comptabilité et des cotisations URSSAF calculées sur le chiffre d’affaires.
- Elle est simple à fermer.
Mais ses limites sont importantes pour une personne inscrite au chômage qui veut créer son entreprise :
- Le chiffre d’affaire encaissé par la micro-entreprise va venir diminuer directement le montant des indemnités chômage,
- Pour le calcul des cotisations URSSAF, les frais professionnels ne sont pas pris en compte (vous payez donc des cotisations URSSAF sur vos dépenses professionnelles !)
- Le statut est limité à des plafonds.
Les deux premières limites ont un impact financier fort pour le créateur d’entreprise, si son chiffre d’affaires représente au moins 70% de ses indemnités chômage.
Si vous touchez 1.000 € par mois et que votre chiffre d’affaires dépasse 700 € par mois, vos indemnités vont être diminuées.
SASU : idéale pour cumuler ARE et dividendes
Il y a un réel avantage à cumuler chômage et création d’entreprise avec la SASU : c’est la seule structure juridique qui permet de combiner l’ARE et les dividendes.
Les dividendes correspondent à la distribution des bénéfices d’une entreprise. Les dividendes ne sont pas considérés comme des salaires et le Pôle emploi ne les prend pas en compte dans le calcul de l’ARE, contrairement aux rémunérations. La SAS permet donc de percevoir des dividendes en plus de ses ARE (ou de l’ARCE).
En l’absence de rémunération du président de la SASU, ce dernier doit prouver sa non-rémunération pour continuer à toucher l’ARE et cumuler chômage et création d’entreprise. Pour cela, vous pouvez rédiger un procès-verbal de SASU statuant sur l’absence de rémunération pour le dirigeant ou indiquer dans vos statuts de SAS que le Président ne sera pas rémunéré la première année.
Pour distribuer des dividendes, il faut d’abord avoir un premier bilan qui fait apparaître un bénéfice. Les dividendes sont ensuite distribués au plus tôt 1 à 2 mois après la fin du 1er bilan. Vous ne pourrez donc pas vous verser des dividendes dès le début de votre activité (seulement après la clôture du premier exercice).
À la fin de votre période d’indemnisation, il vous sera probablement nécessaire de vous verser tous les mois une rémunération.
Dans les SASU les charges sociales sont plus élevées que dans les EURL (80% par rapport au net dans les SASU, vs 45% dans les EURL).
Vous pouvez décider de transformer votre SASU en EURL pour payer moins de charges.
SARL/EURL : les précautions à prendre
Attention : dans les SARL/EURL, les dividendes sont fortement taxés (jusqu’à 65%)
Beaucoup plus taxés que dans les SASU/SAS (jusqu’à 30%).
Raison pour laquelle les chômeur créateur d’entreprise choisissent souvent de créer des SASU/SAS.
Comparatif des statuts pour bénéficiaires de l’ARE
Voici une grille de lecture très simple pour vous aider à comprendre selon les caractéristiques de chaque forme d’entreprise, avec les avantages et les inconvénients de chacune
Micro-entreprise | EURL | SASU | |
---|---|---|---|
Charges sociales | 26 % du chiffre d’affaires pour les prestataires de services. | 45 % du salaire net, mais sans cotisations minimum si pas de salaire versé | 80 % du salaire net |
Crédibilité | Pas de capital social pour rassurer les partenaires extérieurs | Capital social pour afficher une fiabilité financière | Capital social pour afficher une fiabilité financière |
Projet d’association | Pas d’association possible | Possibilité de s’associer en SARL | Possibilité de s’associer en SAS |
Protection du chef d’entreprise (patrimoine personnel) | Faible | Moyenne | Haute |
Déduction des charges | Pas de dépenses déductibles du bénéfice imposable | Possibilité de déduire toutes ses dépenses du bénéfice imposable | Possibilité de déduire toutes ses dépenses du bénéfice imposable |
Dividendes | Pas de versement de dividendes | Versement de dividendes à 10 % maximum du capital versé (imposition au-delà) | Versement de dividendes à 100 % du bénéfice |
Type de profils | - Jeunes ou freelance juniors - Petite activité - Test d’un projet - Simplicité avant le gain | - Commerçants - Artisans - Entreprises de services - Besoin de beaucoup d’argent rapidement pour se lancer | - Anciens cadres ou dirigeants d’entreprise - Projets ambitieux - Peu de dépenses et recherche de gain financier - Inscrits au Pôle emploi |
Exemple avec simulation
Concrètement, comment ça marche de cumuler chômage et création d’entreprise avec les dividendes d’une SASU ?
Prenons un exemple avec le cas de Thomas, inscrit au Pôle emploi et touchant l’ARE. Il démarre une activité de consultant et se pose la question suivante : « Quelle est la meilleure forme juridique pour profiter au maximum de mon ARE ? ».
Son aide actuelle ARE est de 2 000 €/mois, ce qui lui suffit pour vivre. Son chiffre d’affaires prévisionnel est de 3 000 €/mois. Voici la comparaison de ce qu’il devrait payer en micro-entreprise VS SASU :
Année 1 | Micro-entreprise | SASU |
---|---|---|
ARE | 7 368 € | 24 000 € |
Chiffre d’affaires | 36 000 € | 36 000 € |
Charges sociales avec ACRE | 11 % | - |
Frais | 4 000 € | 4 000 € |
Revenu professionnel net | 28 040 € | - |
Résultat d’entreprise | - | 27 200 € |
Dividendes | - | 27 200 € |
Rémunération (salaire + ARE) | 35 408 € | 24 000 € |
Total avant impôts | 35 408 € | 51 200 € |
L’astuce, c’est de cumuler chômage et création d’entreprise avec une SASU en se versant des dividendes et en bénéficiant de l’ARE, puis après la période d’indemnisation chômage de basculer en EURL (ou SARL) pour pouvoir se rémunérer en payant moins de charges sociales qu’en SAS.
Combien ça coûte de créer une entreprise ?
Pour créer une micro-entreprise, les démarches sont totalement gratuites. Il vous suffit de vous inscrire sur le portail guichet unique de l’inpi et de vous laisser guider au fil des étapes. Aucune comptabilité n’est nécessaire.
Pour créer une SASU, il est possible de le faire soi-même également sur le portail de l’INPI Le coût de création est environ de 300 € pour la création des statuts, la publication dans le journal d’annonces légales, etc. Il faut compter entre 450 € et 550 € tout compris. Ces frais sont déductibles des charges. Contrairement à la micro-entreprise, vous avez également l**’obligation de tenir une comptabilité**. Le suivi comptable et juridique dépend du prestataire utilisé, à partir de 900 € par an. SOCIC vous propose des abonnements clés en main ici.
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